Burkina Faso: fabrication de savon | © Yacouba Lankoandé

Esprits inventifs, idées nouvelles – pour sortir de la crise du coronavirus

La pandémie de coronavirus n’est pas seulement une crise sanitaire mais aussi, pour beaucoup, une lutte pour la survie.
PAR: Rebecca Vermot - 28 mai 2020
© Yacouba Lankoandé

La pandémie de coronavirus n’est pas seulement une crise sanitaire mais aussi, pour un grand nombre de personnes, une lutte pour survivre: des paysannes ne peuvent plus vendre leurs produits; des couturiers se retrouvent devant des machines à coudre silencieuses parce que les commandes n’arrivent plus; des élèves décrochent parce qu’ils ne sont plus autorisés à se rendre à l’école. Mais partout dans le monde, des femmes et des hommes inventifs cherchent des réponses et des moyens de sortir de la crise – pour le bien de la collectivité.  Helvetas les soutient.

Burkina Faso: fabriquer du savon au village

Ce sont les «femmes savonnières» du Burkina Faso: elles ont appris à fabriquer du savon par nécessité car c'est une denrée devenue rare en raison de la pandémie de coronavirus. Ces femmes ont déjà transmis les informations essentielles sur l'hygiène avant la crise et expliqué à chaque enfant, chaque femme, chaque homme dans les villages combien il est important de se laver les mains encore et encore, de préserver l'eau à la maison et de veiller à la propreté dans le village. Aujourd'hui, elles fabriquent aussi du savon liquide à un prix abordable pour les villageoises et les villageois. «Je devais partir loin pour en trouver et le payer cher», raconte Dapoa Lankoandé. Elle vit à Dakri, dans l'est du pays, et fait partie des femmes qui, avec le soutien d'Helvetas, sont initiées aux secrets de la fabrication du savon. Comme les femmes prennent le temps nécessaire pour assurer une fabrication de qualité, elles ont rapidement gagné le marché. La formation sur la production de savon comporte un cours accéléré de marketing et de comptabilité, très apprécié des femmes. Il se déroule dans une salle de classe; le tableau noir est encore recouvert des notes des dernières leçons, et la plupart des pupitres ont été déplacés pour créer de la place – afin de respecter les mesures de distance.

 

Seifenherstellung Burkina Faso Soap Production | © Yacouba Lankoandé
Dans le cadre du projet d'Helvetas, du savon liquide est fabriqué. © Yacouba Lankoandé

Bénin: trouver de nouvelles façons d’enseigner

Partout dans le monde, les écoles ont été fermées. Selon l'Unesco, 1,5 milliard d'enfants dans 195 pays ont été touchés par la fermeture d'écoles due à la pandémie de coronavirus. Beaucoup de ces jeunes avaient dû au préalable lutter courageusement pour pouvoir aller à l'école, et ils craignent à présent de perdre le fil des leçons ou que leurs parents ne les laissent pas retourner à l'école.

Au Bénin, un tiers des jeunes ne savent ni lire ni écrire correctement parce qu'ils ont dû quitter l'école primaire trop tôt. Depuis 2016, ces garçons et ces filles ont une seconde chance: sur mandat de la DDC, Helvetas soutient le développement de centres scolaires dans le nord du pays, où ces jeunes peuvent rattraper les années d'enseignement manquées. Ils sont très motivés et ne veulent en aucun cas – pas même à cause de la crise du coronavirus – échouer au certificat d'études primaires qui est pour bientôt. Helvetas a cherché des solutions pour que ces jeunes puissent continuer à apprendre malgré tout. «Il faut que je passe mon examen parce que je dois devenir une maitresse d’école quand je serai grande», explique avec détermination Moufira Bio Idrissou, 14 ans. Pour l’instant, elle suit les cours dans une cabane de fortune aménagée pour la circonstance. Trois à cinq jeunes du village s'y retrouvent en respectant la distance nécessaire: ils se préparent à l'examen national de fin d'études avec une enseignante ou un enseignant. Ailleurs, les cours sont donnés en plein air à l'ombre d'un grand arbre.

En ce moment, les enseignant-e-s se déplacent jusque dans les villages et les enfants ne se rendent pas dans les classes. Craignant que les jeunes décrochent des cours à cause de la fermeture des écoles, tous les acteurs concernés soit les ONG locales, Helvetas, les pouvoirs publics, les enseignants et les parents ont élaboré cette stratégie de lieux scolaires décentralisés pour des petits groupes d'élèves de dernière année. Les chances sont donc bonnes que Moufira Bio Idrissou puisse devenir enseignante. Son prochain objectif sera de commencer cette formation professionnelle.

© Helvetas / Y. Houndjo
Actuellement, les cours sont souvent organisés à l'extérieur à l'ombre d'un grand arbre. Les enseignants se rendent dans les villages et les enfants ne vont pas dans les salles de classe. © Helvetas / Y. Houndjo

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Mozambique: coudre des masques plutôt que des vêtements au goût du jour

Au Mozambique, Inês Jacinta Ali a déjà terminé sa formation. L'année dernière, elle a appris le métier de couturière dans le cadre d'un projet d'Helvetas. Pleine d’élan, elle a ensuite créé sa propre petite entreprise avec des collègues. Mais au Mozambique aussi, le coronavirus affecte la vie publique et les commandes ont cessé d'arriver. Au lieu d'abandonner, Inês Ali s'est souvenue du module de cours qui a éveillé son esprit d'entreprise: aujourd'hui, la confection de masques de protection individuels est son modèle d'entreprise. Pour elle, permettre aux gens de se protéger et de protéger les autres d'une infection due au coronavirus est presque l'aspect le plus important. Elle et ses collègues utilisent pour cela le tissu capulana – un textile typique que portent les femmes mozambicaines. Inês Ali produit 50 masques par jour – accompagnés des consignes d’utilisation et de lavage. «Nous veillons à ce que les masques soient accessibles à un prix abordable pour les gens d’ici», explique-t-elle. Ses masques sont moins chers que ceux, jetables, vendus dans les pharmacies. Grâce à leur esprit d'entreprise, les jeunes couturières issues de la formation d'Helvetas font face à la crise économique – tout en contribuant de manière importante à la santé de leur communauté.

Alfaina Manuel coud des masques de protection sanitaire - projet HOJE au Mozambique. (photo: Tome Alberto)

Mozambique: fabriquer du désinfectant plutôt que du schnaps

Pour assurer la santé de la population, les dispensaires et les hôpitaux ont besoin de quantités considérables de désinfectant. Dans de nombreux pays du continent africain, c'est désormais devenu une denrée rare. Dans le nord du Mozambique, des prix fantaisistes sont exigés pour de l'alcool médical, qui est la base du désinfectant. En raison de la forte demande, des produits de contrefaçon circulent, mettant en danger la santé des gens et leur procurant un sentiment mensonger de sécurité. C'est pourquoi, avec une contribution financière de la DDC, Helvetas soutient la production d'éthanol tiré de la canne à sucre et des pommes de l'anacardier. Au Mozambique, comme dans de nombreuses régions d'Afrique, ces pommes-cajou sont souvent utilisées pour distiller de l'alcool, cela pour éviter qu'elles pourrissent car le fruit fermente rapidement à maturité. La distillation des pommes en alcool médicinal ainsi que la fabrication de désinfectant pour les mains, contenant de l'aloe vera ou du moringa, créent une nouvelle source de revenus pour les paysannes et les paysans participant au projet, qui devrait perdurer bien au-delà de la crise du coronavirus. Car les mesures d'hygiène resteront essentielles après la pandémie.

Les défis actuels sont immenses. Dans bien des pays d'Afrique, les cas d'infection dus au coronavirus continuent d'augmenter. C'est pourquoi Helvetas a intensifié les formations en matière d'hygiène dans presque tous ses pays partenaires et mène un travail de sensibilisation aux règles de comportement à adopter ainsi qu’au danger des fausses informations. La crise économique frappe durement les populations dans de nombreux pays. Néanmoins, elle offre aussi des chances d’avenir – telles la fabrication de nouveaux produits, l'utilisation intelligente des déchets des récoltes ou encore des formes flexibles de formation. Pour le bien de toutes et de tous.

Coronavirus – points de vue du Sud, 6e partie

Récits du quotidien à mi-mai au Myanmar, au Burkina Faso et au Pérou.
© Syed Mahamudur Rahman/NurPhoto/AFP

Donner espoir

La crise du coronavirus frappe durement les familles des travailleurs migrants. Helvetas les aide notamment au Bangladesh et au Népal à retrouver confiance et à contribuer à un développement positif pour leur famille et leur pays.

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