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17 mai 2022

Place financière suisse : avec les bellicistes

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La Suisse est la place financière la plus opaque du monde, derrière les États-Unis. C'est ce que révèle le nouvel indice de l’opacité financière du réseau pour la justice fiscale (TJN).

Communiqué de presse d'Alliance Sud, l'organisation faîtière de politique de développement dont Helvetas et d'autres grandes ONG suisses sont membres.

La Suisse est la place financière la plus opaque du monde, derrière les États-Unis. C'est ce que révèle le nouvel indice de l’opacité financière du réseau pour la justice fiscale (TJN). Notre pays stagne dans la lutte contre l'évasion fiscale internationale, le blanchiment d'argent et la corruption — cela lui est aujourd’hui préjudiciable dans la recherche des fonds sanctionnés des oligarques russes. Plus de transparence est nécessaire de toute urgence.

Selon les calculs du TJN publiés aujourd'hui, la Suisse abrite l'une des places financières les plus attrayantes pour les fraudeurs du fisc, les blanchisseurs d'argent, les financiers du terrorisme ou les politiciens corrompus. Car non seulement les banques établies chez nous gèrent autant d'avoirs étrangers que nulle part ailleurs dans le monde — selon l'Association suisse des banquiers (ASB), il s’agit de plus de 3'600 milliards de francs — mais la place financière suisse fait toujours partie des plus opaques au monde, malgré toutes les réformes de la dernière décennie.

Ce constat pose doublement problème dans le contexte de la guerre d'agression de la Russie en Ukraine, selon Dominik Gross, expert financier chez Alliance Sud, le centre de compétences suisse pour la coopération internationale et la politique de développement : « Premièrement, la Suisse ne dispose pas des lois qui permettraient aux autorités de rechercher activement une grande partie des avoirs sanctionnés des oligarques russes. Les analyses du TJN le mettent en exergue ». D’après le Secrétariat d'État à l'économie (Seco), seuls 6,3 milliards de francs d'avoirs russes sont actuellement bloqués en Suisse, et depuis avril, les banques ont déjà libéré plus d'un milliard. Même si, selon l'ASB, 150 à 200 milliards d'avoirs russes se trouvent en Suisse.

Comme notre pays n'entretient toujours pas d'échange automatique de renseignements (EAR) sur les données des clients bancaires avec de nombreux pays en développement, les fraudeurs fiscaux de pays non membres de l'EAR n'ont en outre toujours pas grand-chose à craindre dans les banques suisses. Dominik Gross : « Ils y cachent des fonds au fisc de leur pays d'origine, de l’argent dont celui-ci aurait urgemment besoin pour surmonter la crise alimentaire déclenchée par la guerre en Ukraine. »

Le Parlement doit agir

Malgré un clair besoin d'agir, le Conseil fédéral reste inactif. Le Conseil national et le Conseil des États pourraient toutefois y remédier bientôt :

Pour plus d’informations :

Dominik Gross, expert en politique financière chez Alliance Sud : 078 838 40 79 ; dominik.gross@alliancesud.ch