Covid-19: soutenir les partenaires touchés par la crise

PAR: Amadou Timbine – juillet 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, Helvetas Mali a mis en place un plan d'actions pour aider les partenaires à faire face aux conséquences de cette crise. Ce plan concerne notamment la diffusion d’informations et la sensibilisation, la distribution de kits sanitaires, le renforcement des mesures d’hygiène au sein de la communauté, la production d’affiches au profit des collectivités territoriales, des entrepreneurs et des producteurs agricoles.

Pour prévenir la propagation de l’épidémie de Covid-19, Helvetas s’est appuyée sur les personnes avec lesquelles elle travaille habituellement dans le cadre du projet Jigitugu dont l'objectif est la formation des jeunes en agriculture, en priorité les maîtres d’apprentissage, parce qu’ils ont la confiance des habitants de leurs villages.

«Dans notre milieu, certains étaient sceptiques et ne croyaient pas à l’existence de cette maladie qui, pour eux, ne pouvait pas se propager dans les conditions climatiques du Mali. Pour d’autres, c’était un mensonge politique, explique Diakaridia Doumbia, maitre d’apprentissage pour le maraîchage à Fala, cercle de Bougouni, dans le sud du Mali. Chez nous, les membres d’une même famille utilisent la même eau pour se laver les mains dans un seul récipient. Ils mangent le repas ensemble dans le même plat. Je demande aux chefs de famille de mon village de veiller à ce que les membres de leur famille n’utilisent plus la même eau pendant les repas. Je me suis aussi engagé à faire respecter les mesures barrières par les jeunes que je forme sur la filière maraichère».

Des médecins locaux, connus et respectés, informent sur le bon comportement à adopter pour prévenir le coronavirus. «Ce n’est pas toujours facile de faire comprendre aux gens l’importance de certaines mesures, comme la distanciation sociale, ajoute Diakaridia Doumbia. Nous sommes habitués à nous saluer en nous serrant la main. Ceux qui refusent ce geste traditionnel sont qualifiés d’individus ayant perdu leurs repères».

Cependant, trois mois après le début de l’épidémie qui continue à préoccuper les partenaires de Jigitugu, ces derniers subissent les impacts de la crise sur leurs activités et leurs revenus. «Aujourd’hui, mes poulaillers sont presque vides, alors que je pouvais vendre au moins 70 volailles tous les six mois. La commande de poussins que j’avais faite hors du pays n’a pas pu être livrée à cause de la fermeture des frontières liée au Covid-19», explique Djoumé Bagayoko, aviculteur à Kéléya, un village situé à 60 km de la ville de Bougouni.

En outre, l’impact du coronavirus est aussi visible dans l’élevage du bétail. «J’ai un lot de béliers. Je m’apprêtais à les livrer à mon client qui se trouve en Guinée. La livraison n’a pas pu être honorée à cause de la fermeture des frontières. Je continue à nourrir ces bêtes qui seront vendues à perte», s’inquiète Djoumé Bagayoko.

« Je continue à nourrir ces bêtes qui seront vendues à perte»

Djoumé Bagayoko, éleveur à Kéléya

D’autres partenaires d’Helvetas sont également impactés, comme Mady Diouara, maître d’apprentissage pour l'élevage bovin, résidant à Sido, dans le cercle de Bougouni. «La pandémie a ralenti nos activités d'élevage parce que nos produits trouvent difficilement des acheteurs. La pandémie a aussi entraîné l’augmentation des prix des produits et des difficultés dans l'acquisition de l’aliment pour le bétail. L’argent manque. L’exportation est freinée, parce que les frontières sont fermées. Une partie des bêtes de notre élevage allaient en Côte d’Ivoire et le reste était vendu aux bouchers locaux. Nos revenus ont beaucoup diminué à cause du Covid-19. Nous assistons à une méfiance due au risque de contamination par les animaux».

Dans son jardin, Siaka Doumbia, producteur d’échalotes va plus loin. «La pandémie a entraîné de nombreuse difficultés dans notre vie quotidienne. Aujourd’hui, acheter de la viande au marché est devenu un problème. Les gens craignent la contamination de la maladie à travers la viande, ou à travers le boucher qui la vend. À cause de la pandémie, nos déplacements sont très limités et l’écoulement de nos produits est difficile. Les moyens de transport ne sont pas préparés pour faire face aux problèmes que nous rencontrons».

«À cause de la pandémie, nos déplacements sont très limités et l'écoulement de nos produits est difficile»

Siaka Doumbia, producteur d'échalotes

Le projet Jigitugu accompagne ses partenaires dans la recherche de solutions et la mise en place de réponses à la crise. Pour minimiser le risque de Covid-19 lors des déplacements, les prestataires de services locaux formés par Helvetas organisent la vente des produits, y compris du bétail, sur les réseaux sociaux. Aussi, pour soutenir les jeunes particulièrement touchés par la crise, Helvetas envisage de mettre des couveuses à leur disposition pour qu’ils produisent des poussins localement, au lieu de les importer. Pour ce faire, le projet Jigitugu collaborera avec des artisans organisés en groupement afin qu’ils adaptent les couveuses importées aux conditions du pays. Le projet travaille aussi avec des instituts de microfinance comme Baobab et Soronyèsigiso pour faciliter l’accès des jeunes et des femmes aux fonds permettant de lancer de nouvelles initiatives.

 

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