© Helvetas / Thomas Kozlik

Marchés publics durables

Le principe de la consommation durable devrait aller de soi, aussi pour le secteur public. C’est pourquoi Helvetas s'engage en faveur de marchés publics qui tiennent compte de critères autant sociaux qu’environnementaux et économiques.
© Helvetas / Thomas Kozlik

La Confédération, les cantons et les communes achètent chaque année des biens et des services pour une valeur de 40 milliards de francs, comme des uniformes pour l'armée, des ordinateurs pour l'administration cantonale ou des bordures de trottoirs pour la place du village. Ces 40 milliards se répartissent sur des milliers de fournisseurs et de prestataires, en Suisse et à l'étranger. Or, dans de nombreux pays en développement, le travail est effectué dans des conditions précaires. Au plus tard depuis l'effondrement de l'usine textile «Rana Plaza» au Bangladesh en avril 2013, le grand public a lui aussi pris conscience de la protection souvent insuffisante des travailleurs et travailleuses dans de nombreux pays émergents et en développement.

Une bonne loi fédérale, mais une mauvaise mise en œuvre  

Le 1er janvier 2021, la nouvelle Loi fédérale sur les marchés publics (LMP) est entrée en vigueur. Cette loi, qui a été adoptée par le Parlement à l'été 2019 après plusieurs années de délibérations, reflète un véritable changement de paradigme en matière de marchés publics: la durabilité au lieu du dumping des prix, non seulement d’un point de vue environnemental, mais aussi économique et social. Selon la nouvelle loi, les communes, les cantons et la Confédération sont explicitement autorisés à exiger des normes de travail plus strictes et à demander les preuves correspondantes. En tant que membre de la Coalition d'ONG pour les marchés publics (Pain pour le prochain, Action de Carême, Max Havelaar, Public Eye, Solidar, Swiss Fair Trade), Helvetas s'était engagée pendant des années pour ce principe au niveau fédéral – avec succès.

Toutefois, un problème surgit à l’heure de la mise en œuvre de la loi: alors que les cantons appliquent à la lettre le changement de paradigme en faveur d'une plus grande durabilité, l'office fédéral chargé de la révision de l’ordonnance fédérale correspondante a de nouveau restreint de manière drastique les dispositions relatives au respect de normes de travail plus strictes. Ce faisant, il ignore la volonté du Parlement. En clair, la Confédération exclut des questions aussi centrales que la sécurité au travail et les horaires de travail réglementés, dont il avait été tenu compte. Ainsi, elle continue de favoriser les prestataires qui baissent les prix au détriment de leurs employés, tandis que les employeurs qui prennent au sérieux leur responsabilité sociale – à l'étranger ou en Suisse – sont désavantagés.

Des politiques de développement et d'approvisionnement contradictoires

De cette manière, la Confédération sabote également son propre travail de coopération au développement, par lequel elle promeut de meilleures conditions de travail et des chaînes de valeur durables dans les pays émergents et en développement. En effet, il est insensé d'attribuer simultanément des contrats de plusieurs millions de dollars à des entreprises situées dans ces pays et qui ne se soucient ni de la santé de leurs employés ni de payer un salaire décent à ces derniers.

En tant que membre de la Coalition d'ONG pour les marchés publics, Helvetas continue donc de s’engager pour des marchés publics durables au niveau fédéral également.

Politique de développement en Suisse

La politique extérieure de la Suisse doit viser l’équité mondiale, l’égalité des chances et l’établissement de conditions de vie et de travail dignes.

Politique internationale

La Suisse doit prendre ses responsabilités vis-à-vis des pays plus pauvres, notamment dans ses politiques commerciale extérieure, climatique et migratoire.

Plaidoyer dans le Sud

Un changement réel passe nécessairement par un dialogue franc entre le monde politique et la société. C’est la raison pour laquelle Helvetas encourage les échanges entre les personnes bénéficiaires et les décideurs.