Malaria
Deux mains gantées manipulent un téléphone portable sous les instructions d’une voix off. L’écran finit par s’éclairer pour montrer Hanna qui filme elle-même et son ami Murry. Ce smartphone sera alors acteur et chroniqueur de l’odyssée d’Hanna et de Murry. Ils vont entraîner avec eux Azi, musicien des rues, lorsque celui-ci les prendra en autostop. Ils atteindront ainsi Téhéran pour devoir la quitter quand le père et les frères d’Hanna auront retrouvé leur trace. Alors que le récit est un long flash-back, le mélange d’images provenant du smartphone ajoutées à celles d’une caméra le plus souvent portée donne au spectateur le sentiment d’assister aux événements en temps réel. Sentiment accentué par le choix de Parviz Shahbazi de tourner dans les rues de Téhéran comme décor.
Être jeunes à Téhéran
La vie de la jeunesse de Téhéran et sa vivacité, malgré les multiples contraintes et ses difficultés face à la police des mœurs, donnent du souffle au récit. En particulier cette soirée mémorable où les jeunes fêtent l’annonce de la signature de l’accord nucléaire entre l’Iran et le groupe des 5+1. Malaria est une ode à la jeunesse iranienne et un portrait affectueux de Téhéran. Cependant, si la joie de vivre de la jeunesse existe bel et bien, Parviz Shahbazi n’élude pas la réalité et les dangers d’un avenir compromis par des politiques sur lesquelles cette jeunesse n’a aucune prise. Troisième film du réalisateur centré sur les jeunes, après Deep Breath (2003) et le thriller Trapped (2013), Malaria, joué par des acteurs amateurs mais inspirés, est un témoignage passionnant et émouvant sur une génération qui aimerait vivre sa vie, tout simplement.