L’ouragan Mario est localisé à 14.2 degrés de latitude nord et 69.2 degrés de longitude ouest, soit à environ 420 km sud sud-ouest de Jacmel. Les vents maxima soufflent à 240 km/h avec des rafales bien supérieures. L’ouragan Mario devrait garder la même trajectoire dans les prochaines 12 heures. La Direction de la Protection Civile (DPC) vient de placer le pays sous alerte rouge.
A La Vallée-de-Jacmel, où les risques d’inondations majeures et d’éboulements sont élevés, la mairesse Marie Yolaine Philippeaux Scutt convoque le Comité communal de Gestion des Risques de Désastres (CCGRD), une entité constituée de représentant/e/s des ministères sectoriels, des membres de la société civile active et de plusieurs cadres de la mairie, dont l’ingénieur municipal et le Technicien Eau Potable et Assainissement communal (TEPAC).
Accompagnée du responsable de communication de la mairie et du Coordonnateur Technique Communal (CTC), la mairesse donne une conférence de presse au cours de laquelle elle annonce que le Centre d’Opération d’Urgence Communal (COUC), l’entité du Système National de Gestion des Risques et des Désastres (SNGRD) chargée de promouvoir, planifier, maintenir la coordination et les opérations conjointes des différentes institutions impliquées dans la réponse aux urgences, a été activé. Marie Yolaine Phillipeau Scutt tente de rassurer la population. Elle continue à encourager les gens habitant dans les zones à haut risques à se diriger vers l’un des 14 abris provisoires qui ont été identifiés par le CCGRD. La première citoyenne de La Vallée de Jacmel précise l’endroit où se trouve chaque abri provisoire.
Dans la grande salle abritant le COUC, à la bibliothèque municipale de La Vallée-de-Jacmel, on constate beaucoup de mouvements. Les membres du CCGRD réparti/e/s en cinq aires (Communication, Traitement de données, Logistique, Réponse et Poste de Commande) prennent très au sérieux leur travail. Ils font tout pour apporter des réponses à la population pendant le passage de l’ouragan.
Nous sommes, en réalité, dans un exercice de simulation (SIMEX de table). L’ouragan Mario n’est que pure fiction. Les participant/e/s feignent d’être dans une situation d’urgence à partir du scénario défini et en appliquant le plan de réponse EPAH, prévu dans le document ‘‘plan de contingence communal’’ avant, pendant et après cette situation.
Dans le cadre d’une synergie développée par le Programme de Renforcement de la Gouvernance Locale de l’Eau et de l’Assainissement en Haïti (REGLEAU) le Projet d’Appui et Renforcement de la Résilience face aux Désastres (PARER), mis en œuvre par Helvetas Haïti, un plan de réponse EPA a été intégré dans les plans de contingence des communes de Bainet, Marigot, Jacmel et La Vallée- de-Jacmel. L’objectif de cette initiative est de garantir l'accès à l'eau potable et aux services d’assainissement pendant une situation de crise, maintenir des normes d'hygiène adéquates et prévenir la contamination de l'eau.
Les exercices de simulation de table qui se sont déroulés, respectivement les 14 août 2024 à La vallée, 17 à Marigot et 06 septembre à Bainet, avaient pour objectif de tester les systèmes, et le personnel impliqué dans la mise en œuvre des Plans de Contingence et Réponse en mettant en lumière les forces et les faiblesses des systèmes et renforcer les capacités des CCGRD et des Unités EPAH[1] à réagir efficacement en améliorant la coordination entre les acteurs, tout en s’assurant que les protocoles de réponse sont bien compris et applicables en situation de crise réelle.
Thony André, Responsable de la Logistique de la mairie de La Vallée-de-Jacmel
‘‘La maire a fait preuve d’une bonne capacité de communication. Elle a su utiliser les mots clés du Système National de Gestion des Risques de Désastres (SNGRD) à chaque moment de l’exercice dans un langage clair et précis ; les équipes ont démontré un comportement approprié face aux niveaux de vigilance ; les équipes ont prouvé leur capacité à réagir rapidement aux scénarii simulés, démontrant leur habileté à gérer les situations d’urgence ; tous les participants ont fait preuve d’un fort engagement et ont activement contribué à la réussite de l’exercice, en respectant les rôles et responsabilités assignés’’, notent les superviseurs de l’exercice à La Vallée.
A Marigot, soulignent-ils, les équipes ont démontré un comportement approprié face aux niveaux de vigilance ; les membres du Comité Communal de Gestion des Risques de Désastres (CCGRD) ont pris conscience de l’importance du SIMEX dans la préparation des activités de réponse.
À Bainet, où le dernier SIMEX remonte à plus de trois ans, le Directeur Général de la Mairie, Monsieur Jean Ronald LOUIS souligne l’importance pratique de cet exercice. Il permet aux membres du CCGRD ainsi que les membres de l’Unité EPA de mieux comprendre leurs responsabilités en situation d’urgence. Conscients de l’importance d’un SIMEX, certains membres du CCGRD ont proposé de l’institutionnaliser afin de renforcer continuellement leurs compétences. Enfin, d’après les formateurs de la Direction de la Protection Civile (DPC), les équipes ont montré une certaine capacité à réagir à certains scénarii simulés.
Les superviseurs ont cependant noté plusieurs points qui mériteraient d’être améliorés. A Marigot, par exemple, les équipes ont mis trop de temps à réagir aux événements simulés, ce qui aurait pu aggraver la situation en cas de crise réelle. La coordination a également fait défaut entre les différentes aires de travail, ce qui a conduit à des actions déconnectées.
Erna Pierre, membre du CCGRD de Marigot
Conscient de la problématique soulevée par Erna Pierre, le maire Danaut René souhaite que des efforts soient entrepris par le pouvoir central, les autorités locales et les partenaires techniques et financiers en vue de retenir les cadres formés. Il a au passage plaidé en faveur de modules de formations spécifiques au profit des différentes aires qui composent le Centre d’opération d’urgence communal.
Le Projet d’Appui et Renforcement de la Résilience face aux Désastres (PARER) vise à renforcer la résilience des communautés dans les communes de Marigot et Bainet. Mis en œuvre dans les communes de Bainet, Jacmel, La Vallée de Jacmel et Marigot, le Programme de Renforcement de la Gouvernance Locale de l’Eau et de l’Assainissement en Haïti (REGLEAU) a pour principal objectif l’amélioration des conditions de vie des populations par le renforcement de l’accès à des services durables d’approvisionnement en eau potable et en assainissement grâce à la maitrise d’ouvrage par les collectivités territoriales dans les communes.