© Helvetas/Aïda Koné

Une stratégie d'urgence pour l'apiculture

Les mesures prises pour contenir la propagation de la Covid-19 ont mis en danger la production et la commercialisation du miel au Burkina Faso. Le PAPEA intervient pour soutenir ses partenaires
PAR: Aïda Koné - 15 juillet 2020
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« Notre association a fait face à d’énormes difficultés pendant la pandémie à la COVID19 à cause des mesures de prévention mise en place par l’Etat » explique Désiré Marie Yameogo, fondateur et coordonnateur de l’association Wend-Puire, basée a Koudougou, qui travaille dans la promotion de l’apiculture au Burkina Faso. « La plus grave était le couvre-feu fixé à 19h. Une mesure tombée en pleine campagne de récolte, la grande miellée qui se fait de février à avril, pendant la nuit à cause de l’espèce d’abeille présente en Afrique de l’Ouest, l’Apis Adansonie qui est très agressive et empêche les producteurs de faire la récolte pendant la journée pour éviter de mettre la population qui se trouve dans les environs en danger. Par conséquent les producteurs étaient dans l’incapacité de faire cette récolte ».

Le désespoir transparaît dans le propos de Yameogo, « Le retard de récolte amenait les abeilles à consommer leur production. Nous avions tenté à plusieurs reprises de faire appel aux autorités pour obtenir un laisser-passer afin de pouvoir faire notre travail, malheureusement sans succès. Le résultat est que nos récoltes ont baissé de 40%. »

 

«A cause du couvre-feu nos récoltes du miel ont baissé de 40%»

Désiré Marie Yameogo, coordonnateur de l’association Wend-Puire,

Un vrai dramme pour les familles d'apiculteurs: « On n’avait presque plus rien à manger » nous confie Thérèse Kientega apicultrice dans la commune de Soaw « Cette année j’avais estimé de produire 30 kilogrammes de miel, mais je me suis retrouvé juste avec la moitié. J’ai pris les ruches à crédit, donc il me fallait donner 50% de ma production au vendeur pour solder ma dette. Il ne me reste que 7 kilogrammes de miel à vendre pour nourrir et habiller mes enfants. Mon mari est commerçant et avec la fermeture des marchés, il ne pouvait plus rien à apporter à la maison. Il a été un période très compliqué».

«J’ai perdu mon époux en aout 2019 » raconte Kaboubié Niébé. «Je me disais qu’avec la récolte de cette année, j'aurais pu commencer l’élevage de volaille et m’occuper de mes enfants. Mais je n'ai rien récolté, et c'est le maire qui m'a aidé à payer la scolarité».

 

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«On n’avait presque plus rien à manger»

Thérèse Kientega apicultrice

Créé en 1999 par Yameogo, l’association Wend-Puire (la part de Dieu), au début, ne comptait que 10 apiculteurs déterminés à promouvoir l’activité dans la région du Centre-Ouest. Ils ont commencé par une formation sur l’apiculture moderne. Ensuite, ils ont accompagné les acteurs à acquérir des équipements et ils ont structuré un circuit de commercialisation.

C’est ainsi que l’association est devenue un succès au niveau du Centre-Ouest. Aujourd’hui, elle compte, 1’600 membres, 4 centres apicoles dans les régions des Hauts-Bassins et Bagré. Elle a créé la marque Apisavana, et en Janvier 2020 elle a réussi à exporter son miel vers l’Union Européenne pour la première fois. Des résultats importants que la  crise liée au Coronavirus menace d'effacer, c’est pourquoi le Programme d’Appui à la Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole (PAPEA) a décidé d’intervenir avec des actions d’urgence.

Un dialogue d’affaire organisé en pleine crise entre les acteurs de la filière miel a permis de trouver des solutions

En pleine tourmente Covid19, un dialogue d’affaire entre les acteurs de la filière miel, dont Wend-Puire, a été organisé pour identifier des solutions. Le résultat est une stratégie commerciale collective réactualisée qui envisage d’accroître la capacité locale de collecte et stockage du miel pour augmenter la résilience et la rentabilité de la filière. Le PAPEA soutiendra ce plan à travers son Fonds d’Opportunité dans le cadre de la mise en place exceptionnelle de co-investissement d’urgence.

L’initiative consiste en l’installation de six mielleries dans des communes à fort potentiel mellifère. De plus, elle prévoit la formation et l’équipement de 200 apiculteurs autour des mielleries. D’un cout global de 102 millions FCFA, dont une contribution du PAPEA à hauteur de 73 millions FCFA, cette initiative permettra de générer près de 200 millions de FCFA de revenu et créer 260 emplois apicoles directs, dont une centaine pour les femmes.

Les mielleries seront un point d’agrégation où les producteurs pourront aussi effectuer un premier traitement pour obtenir du miel filtré, ce qui augmente sa qualité et son temps de stockage. Les formations et l’équipement permettront aux acteurs d’augmenter leur production, améliorer la qualité et accroitre les revenus. Car Wend-Puire était obligée de déployer ses agents dans les différentes communes pour aider les acteurs qui n’étaient pas munis d’équipements à la récolte. Ce qui créait certain frais pour les producteurs qui étaient obligés de payer les agents en baissant le prix de vente du miel.

Le PAPEA est un projet financé par la Coopération Suisse au Burkina Faso et mis en œuvre par Helvetas et SNV en partenariat avec le gouvernement. L’objectif l est la promotion de l’entrepreneuriat agricole afin de générer des revenus et créer de l’emploi au profit des populations rurales et péri-urbaines, en particulier les jeunes et les femmes.