© Helvetas/Oumar Coulibaly

Les défis de la filière mangue face au Coronavirus

Les mesures pour limiter propagation de la Covid19 ont provoqué une hausse des prix des matières premières et un retard dans la reprise de l’activité de séchage avec de sévères conséquences sur l’emploi et les revenues. Le PAPEA facilite la recherche de solutions partagées
PAR: Oumar Coulibaly - 11 août 2020
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Seulement quatre femmes sont au lavage des mangues, quelqu’une à l’épluchage et pas plus de 10 femmes au découpage. Avant la crise de la Covid-19, même si les difficultés ne manquaient pas l’Association PAOLINE employait plus de 130 personnes dans la transformation de la mangue « On a hésité beaucoup avant de reprendre les activités » raconte Sarata Bostal présidente de l’association, basée à Bobo Dioulasso,  « C’est seulement à partir du 20 mai que nous avons commencé la production avec 27 femmes pourtant les années passées on commençait en février. On est réussi à faire travailler que 50 femmes, les 80 autres sont à la maison. Dans les conditions normales on produisait 500 kilogrammes de mangue séchée par jour mais avec la crise on est 200 kilogrammes au maximum ».

La pandémie a eu des répercussions négatives sur les activités des  plusieurs filières accompagnées par le Programme d’Appui à la Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole (PAPEA), un projet financé par la Coopération suisse  et mis en œuvre par Helvetas et SNV.  Une étude réalisée par le PAPEA dans la Région des Hauts-Bassins montre que 4 filières parmi les 8 concernées par le programme ont été particulièrement touchées : mangue, volaille, l’œuf et le lait.

 

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«A cause de la Covid-19 tous nos plans de développement ont été annulés»

Sarata Bostal présidente de l’association PAOLINE

« Nous avons réduit le nombre de personnel à 15% » confirme Mein Eugène Millogo président du conseil d’administration de l’union des Producteurs des Mangues Biologiques et équitables de la région des Hauts-Bassins (UPROMABIO/HBS) « A cause de la crise on a pu commencer nos activités qu’en mai, on ne pourra pas honorer tous les quotas avec nos clients »

Les acteurs de la filière ont connu également une augmentation des charges et une diminution du chiffre d’affaires : «les prix des matières premières et des emballages ont augmenté du 20 % et avec seulement 50 femmes au travail la production a chuté. ce qui a eu une répercussion sur les revenus » explique Issa Toure, chef de production de l’association PAOLINE. « La quarantaine a rendu difficile l’approvisionnement car les camions ne pouvaient pas circuler librement et cela nous empêchera des respecter tous nos engagements avec les clients ».

La situation a été encore plus compliqué pour les producteurs et transformateurs bio et du commerce équitable : « le prix de la mangue a doublé, le kilo est passé de 105F à 210F. En plus on ne pouvait pas aller dans le verger pour les cueillir à cause de la quarantaine » continue Mein Eugène Millogo « maintenant on dépense beaucoup pour acheter les kits sanitaires et travailler en respectant les mesures barrières».

 

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«Nous devons nourrir nos enfants et payer les frais de scolarité. S'il n y a pas de travail cela devient compliqué»

Ramata Konkobo, employée saisonnière

Le travail saisonnier dans les unités de transformation de la mangue constitue une source de revenus pour beaucoup de femmes, qui avec la crise sanitaire craignaient de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de la famille. « Avant que l'association ne commence ses activités, je vendais des condiments au marché, mais cette année ils ont fermé les marchés et je suis restée à la maison » raconte Ramata Konkobo, employée saisonnière à l’association PAOLINE. « A cause du Coronavirus l’association à recommencer à travailler en retard et avec moins de personnels. Mais, nous devons nourrir nos enfants et payer leurs scolarités, s’il n’y a pas du travail ça devient compliqué ».

L’association PAOLINE a dû arrêter ses projets d’élargir l’activité « On avait eu la chance d’avoir un séchoir à vapeur, mais à cause de la Covid-19 tous nos plans de développement ont été annulés. On participait à des foires et des évènements commerciaux dans la sous-région en Côte d’Ivoire, au Sénégal pour se faire connaître et trouver de nouvelles opportunités de marché, mais tout a été arrêté » nous confie Sarata Bostal, devant la nouvelle machine inactive « Il faut qu’on continue à se former pour affronter cette crise et les défis qu’elle nous pose ».

Pour soutenir les acteurs de la filière mangue, le PAPEA a prévu un plan d’investissement d’urgence qui vise à mettre en place des micro-projets pour réduire l’impact de la crise de la Covid-19. Les unités de transformation et les producteurs ont été dotés de kits sanitaires, de thermo-flashes pour prendre la température, des affiches de sensibilisation. De plus,  une cellule de veille commerciale a été crée pour suivre les effets négatifs et les risques économiques, afin d’accélérer l’analyse de la situation et une réaction rapide et collective au sein du cluster d’affaire.