Une lueur d’espoir après avoir fui le terrorisme

Après avoir tout perdue, Mariam et ses enfants doivent réapprendre à vivre loin de son village. Avec le soutien du projet Naafa, elle a un nouvel espoir.
PAR: Wendyam Birba - 13 décembre 2023

« Nous revenons de loin. Un samedi matin au l’environ de 5h, notre village a été attaqué. Nous avons été contraints de le quitter, laissant tous nos biens derrière nous et j’ai même perdu mon mari. Il nous a fallu tout recommencer » confie Mariam, les yeux remplis de larmes.  3 ans après avoir quitté son village situé à une dizaine de kilomètre de Djibo, Mariam Maïga âgé de 48 ans s’est installée à Bérégadougou au sud-ouest du Burkina Faso avec sa famille. Avec l’aide du gouvernement octroyer aux personnes déplacées, Mariam et sa famille ont pu se reloger en toute sécurité. Pour subvenir à leurs besoins, elle a dû travailler de façon saisonnière dans les champs d’anacarde et de cannes à sucre au profit des sociétés environnantes de la région. Ayant entendu parler du projet NAAFA par le biais de son association, Mariam participera à deux formations, une sur le projet de vie et l’autre sur l’entreprenariat. Orientée par la première formation, Mariam qui ambitionnait mettre en place une entreprise de transformation de lait sera plutôt guidée vers le choix de l’élevage. En effet, la consommation du lait n’étant pas dans les habitudes alimentaires des habitants de la zone du sud-ouest, Mariam a dû laisser tomber ce projet. Elle décide donc de se lancer dans l’élevage des chèvres. Comme si tout l’univers convergeait à essuyer ses larmes et à bénir sa nouvelle entreprise, Mariam par le pur hasard a acheté une chèvre qui se trouverait être en gestation. Cette chèvre a mis bas deux petits, chose qui est assez rare chez cet animal. Ainsi, a commencé la belle aventure de Mariam. Un an après, elle comptabilise plus d’une dizaine de tête et commence à avoir le sourire, « je suis très heureuse aujourd’hui d’avoir pris la décision de construire ma propre entreprise. Nous avons certes beaucoup d’aide venant des différentes ONG et associations, cependant, j’ai trouvé qu’avoir sa propre entreprise était la meilleure chose à faire. Mes enfants comptent sur moi aujourd’hui. Je me dois donc me battre pour assurer leur avenir » raconte-t-elle.

«Nous revenons de loin. Notre village a été attaqué et  nous avons été contraints de le quitter. J’y ai perdu mon mari et il nous a fallu tout recommencer.»

Mariam Maïga

Le projet de vie de Mariam

Grâce aux différentes formations reçu par le projet NAAFA, Mariam a appris que l’élevage était un business rentable. Elle a su comment épargner, comment investir et comment vendre son bétail. L’approche « projet de vie », est une démarche qui permet aux jeunes de prendre conscience de leur véritable potentiel, à partir d’informations sur les opportunités de marché de leur contexte, et à négocier et construire un véritable « projet de vie » qui se déclinera en stratégie d’emploi ou d’entrepreneuriat. Elle a pour but d’orienter les personnes formées vers une activité qui les passionne et qui leur sera rentable. Le volet entrepreneuriat de la formation dispenser par le projet est une étape très importante dans la vie des jeunes entrepreneurs. Elle leur permet de mieux appréhender le monde du business, à faire la différence entre un prix d’achat, un prix de revient et un bénéfice. « Avant les formations avec le projet NAAFA, je ne savais pas qu’on pouvait vivre de ce métier. J’ai appris à acheter, à vendre, à épargner et à investir, j’ai même ouvert un compte d’épargne, J’ai aussi appris à mieux faire mon élevage et à mieux le gérer », confesse Mariam.

Son ambition, inciter les femmes au travail

Son bonheur est quelque peu empiété par le manque d’espace pour mieux exercer son activité. Etant en location, il lui est difficile d’exploiter convenablement son espace sans importuner ses voisins. Son rêve, avoir son propre espace, agrandir son élevage et y ajouter de la volaille. Femme dynamique et entreprenante, Mariam ne cesse de participer à d’autres formations. Elle a également appris à faire du soumbala (épice utilisée dans la cuisine africaine). Avec d’autres femmes dans la même situation, elles prévoient de mettre en place une unité de production de cette épice, avec l’aide de l’action sociale. Avec son nouveau business, Mariam voit son avenir plus radieux. Elle se dit reconnaissante pour cette nouvelle vie qu’elle retrouve après tant de souffrance et l’exprime en ces termes : « Dieu a voulu essuyer mes larmes en bénissant mon activité. Je suis très reconnaissante envers ces différents projets qui m’ont aidé à me réaliser. Le chemin est encore long certes mais je sais qu’à force de travail je vais y arriver. J’invite toutes les femmes déplacées à en faire autant. Nous recevons des aides, mais il est important pour nous de travailler à s’en affranchir ».