Diversification de revenus avec le gingembre : une meilleure résilience pour les producteurs de vanille dans la cuvette d'Andapa

Mère de 2 garçons et chef de ménage, Sidonie Raeliarisoa a subvenu aux besoins de sa famille avec les cultures de riz et de vanille. Des discussions avec les agents de RPN, elle a manifesté le besoin de diversifier ses activités génératrices de revenus avec le gingembre depuis la campagne 2017-2018.

Revenus Pour la Nature : Pourquoi avez-vous adopté la culture de gingembre ?

Mme Sidonie : J’ai trouvé cette (nouvelle) culture très intéressante car c’est une source de revenus plus rapide et complémentaire à la vanille. La récolte du gingembre se fait en mai-juin alors que celle de la vanille est en juillet-août. Nous avons tellement besoin d’argent pour raccourcir notre période de soudure qui commence avec la saison de pluie (décembre-février) d’une part et pour passer joyeusement la fête de l’indépendance (26 juin) comme tout le peuple malagasy d’autre part. Grâce aux revenus du gingembre, nous n’avons pas à tomber dans le piège habituel de la vente à bas prix du riz après sa récolte en mai-juin pour faire face aux dépenses de la fête nationale. Cela nous permet de garder notre riz et de raccourcir notre période de soudure.

Revenus Pour la Nature : Pouvez-vous expliquer un peu plus comment le gingembre est complémentaire à la culture de vanille ?

Mme Sidonie : Le gingembre est complémentaire avec la vanille en raison du décalage des périodes de récolte. Autrement dit, le gingembre nous permet d’avoir de l’argent pendant la période de gardiennage de la vanille (mai-juin) et amoindrit les tentations de récolter et vendre la vanille avant sa pleine maturité. Cela améliore la qualité de la vanille car plus la maturité des gousses est respectée, plus le taux de vanilline est haut. Par ailleurs, les revenus du gingembre nous ont permis d’éviter les « contrats-par-kilo » de vanille qui nous font perdre une quantité importante de production.[1]

Revenus Pour la Nature : Nous vous remercions pour cet entretien très enrichissant.

Mme Sidonie : Je vous en prie. C’est plutôt nous qui vous remercions pour les formations que vous avez prodiguées avec la collaboration du CSA (centre de service agricole) et qui nous a permis d’avoir aux environs de 0.8 CHF (autour de 1kg) par m2 de gingembre, ainsi que pour la mise en relation directe avec une entreprise acheteur responsable.

 

[1] Les « contrats-par-kilo » consistent à recevoir de l’argent liquide en gageant une partie de la prochaine récolte. Le taux d’intérêt est exorbitant et pénalise beaucoup les producteurs : à titre d’exemple, une avance de 50’000 ariary en période difficile se rembourse sur une valeur de produit de 200'000 à 220'000 ariary.