Tripoli in Lebanon | © Dalia Khamissy

Quand la nourriture devient trop chère

Les personnes qui dépensent en nourriture la majeure partie du fruit de leur dur labeur sont les plus touchées par la hausse des prix des denrées alimentaires. Instants de vie au Guatemala, au Bangladesh et à Madagascar.
© Dalia Khamissy

Martha Velasquez du Guatemala

Martha Velasquez tient un stand au marché de Tononicapan, un village du Guatemala: «Cela fait de nombreuses années que je vends mes légumes et ceux d’autres familles ici. Il y a deux mois, j’ai dû augmenter le prix du kilo de petits pois. Les gens qui s’approvisionnent chez moi sont aussi devenus moins nombreux ou achètent de plus petites quantités. Moi aussi, j’essaie de joindre les deux bouts. J’espère vraiment que les prix ne vont pas encore augmenter.» Au Guatemala, la plupart des aliments de base sont cultivés dans le pays – graines oléagineuses, riz, blé, maïs, haricots, etc. Mais les familles paysannes dépendent fortement du diesel, des engrais et des machines. Au premier trimestre 2022, le prix du diesel a augmenté de 47 % et celui de l’essence de 30 %.

«C’est pour l’essence que la hausse des prix est la plus grave», explique Rexna Amparo, paysanne de Chiquimula. «Comme nous vivons dans une zone reculée, presque tout doit être transporté.» En collaboration avec Helvetas, sa commune a veillé à ce que chaque foyer dispose de latrines. «J’espère que nous pourrons économiser des frais de santé grâce à une meilleure hygiène. Avec les économies réalisées, nous espérons pouvoir offrir à nos enfants une alimentation équilibrée.»

Par Dorothea Wawrinka

«J’ai dû augmenter mes prix.»

Martha Velasquez, Guatemala

Le programme d’Helvetas au Guatemala se préoccupe notamment de renforcer les capacités économiques des femmes. En collaboration avec des organisations paysannes, des entreprises et les autorités locales, Helvetas a soutenu des groupements féminins et paysans, qui ont ainsi pu s’organiser et suivre des formations. L’objectif est d’améliorer leur production et d’accroître leurs revenus grâce à une commercialisation collective des légumes, des volailles ou du café.

Morium Khatun du Bangladesh

«Je suis très inquiète et tendue, car les prix des denrées alimentaires ont beaucoup augmenté. Certains produits comme l’huile ou la farine ne sont même plus disponibles sur notre marché. Il est difficile de préparer trois repas par jour et nous ne pouvons plus manger de fruits régulièrement. Cela fait aussi longtemps que je n’ai pas mangé de viande. Ni de poisson», raconte Morium Khatun. Elle habite à Cox’s Bazar, près du plus grand camp de réfugiés au monde, où des centaines de milliers de Rohingyas vivent après avoir fui le Myanmar. Son mari, son fils, sa belle-fille et ses deux petits-enfants mangent désormais des portions plus petites qu’auparavant. «C’est surtout nous, les femmes, qui mangeons moins. Parfois, nous devons demander aux voisins de la nourriture pour notre famille.» Morium ne cuisine pratiquement plus que des légumes, les protéines et les glucides sont en général exclus. Mais les légumes poussent dans son jardin. Dans le cadre d’un projet d’Helvetas destiné aux Rohingyas du camp de réfugiés et à la population locale en dehors du camp, elle a appris à cultiver des légumes peu encombrants et qui résistent au climat: des variétés de courges, du gombo, des haricots, de l’amarante et d’autres choses encore. Elle sait désormais quels sont les légumes qui supportent l’eau salée de la nappe phréatique, elle peut les polliniser à la main et a appris à fabriquer des engrais naturels. Elle peut aussi vendre le surplus de sa récolte: les légumes produits par les familles sont régulièrement collectés et vendus sur certains marchés pour leur compte.

L’alimentation est un défi majeur pour les réfugiés et les personnes vivant à proximité du camp de réfugiés. Helvetas soutient aussi des minorités ethniques qui souffrent de malnutrition dans les villages des Hill Tracts. Le cercle vicieux commence souvent dès la grossesse, car la future maman ne reçoit pas assez de nutriments ou tombe malade à cause de l’eau contaminée. En améliorant l’hygiène et en cultivant des aliments nutritifs, ces populations améliorent à présent leur situation.

Par Jahangir Kabir

©  Jahangir Kabir
«C’est surtout nous, les femmes, qui mangeons moins. Parfois, nous devons demander aux voisins de la nourriture pour notre famille.»

Morium Khatun, Cox's Bazar, Bangladesh

Depuis août 2017, plus de 730'000 femmes, hommes et enfants ont fui les violences dirigées contre eux au Myanmar. Ils se sont réfugiés au Bangladesh, où se trouve aujourd’hui le plus grand camp de réfugiés au monde, dans la région de Cox’s Bazar. Il compte près d’un million de réfugiés rohingyas. Helvetas s’engage activement pour ces derniers depuis le début de la crise dans le but d’améliorer leurs conditions de vie.

Jaonah Ramamonjisoa de Madagascar

Jaonah Ramamonjisoa vit à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Il travaille comme chauffeur pour Helvetas et se déplace donc beaucoup en ville comme à la campagne. Ce qu’il observe actuellement l’inquiète. «La vie devient chaque jour plus difficile», raconte-t-il en traversant des villages de projet isolés. «Surtout depuis quelques mois. Les prix des aliments de base comme l’huile, la farine ou le riz ont énormément augmenté. Avant, un kilo de riz coûtait 25 centimes; depuis mai, son prix est déjà de 60 centimes, soit plus du double. Chez nous, à Madagascar, le riz est normalement servi trois fois par jour. Mais pour de nombreuses familles, ce n’est plus possible. Elles doivent se restreindre fortement. Désormais, beaucoup se contentent d’une ou deux portions de riz par jour. Il devient de plus en plus difficile de maîtriser le quotidien. La pauvreté augmente.» Pour Jaonah, la différence entre la ville et la campagne est frappante. En ville, les gens ressentent les hausses de prix chaque fois qu’ils font leurs courses. À la campagne, de nombreuses familles peuvent compter sur les légumes qu’elles cultivent elles-mêmes. Mais ce sont les très jeunes qui inquiètent le plus Jaonah. «J’entends de plus en plus d’histoires de jeunes qui abandonnent leur formation pour gagner de l’argent. Ils voient leurs parents lutter pour survivre et veulent les aider. Mais ils sont tout simplement trop jeunes pour cela!»

Helvetas travaille à Madagascar depuis 40 ans et soutient les familles de petits paysans pour leur permettre d’augmenter et de diversifier leurs rendements. Leur alimentation est ainsi assurée. Actuellement, Helvetas se concentre sur les habitudes alimentaires et met l’accent sur des légumes et des racines oubliés, tels que le manioc et ses feuilles ou l’igname, comme alternative au riz ou encore aux pâtes, toujours plus populaires mais aussi toujours plus chères.

Par Daniela Reinhard

© Felana Rajaonarivelo
«Des jeunes abandonnent leur formation.»

Jaonah Ramamonjisoa, Madagascar

Dans le nord de Madagascar, Helvetas soutient les habitantes et les habitants d’un parc naturel dans l’amélioration de leurs produits, tels que la vanille, le cacao ou le café. Ils peuvent ainsi générer un plus grand revenu et ne sont plus obligés de défricher, et donc d’épuiser, graduellement la forêt.

Éthiopie: surmonter la sécheresse et la faim

La population souffre de la sécheresse, de la guerre et de la hausse des prix. (Reportage en anglais)