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Maintenant plus que jamais!

Onze bonnes raisons pour renforcer la coopération internationale
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La Suisse a une nouvelle stratégie de coopération internationale (CI). Elle définit les priorités de la coopération suisse en matière de coopération au développement, d’aide humanitaire, de protection internationale du climat et de promotion de la paix et des droits humains dans le monde. L’objectif est d’éradiquer la pauvreté et de soutenir le développement durable à l’échelle internationale. Non pas par bonté d’âme, mais parce que notre Constitution fédérale le prescrit.

La Suisse consacre 2,8 milliards de francs par an à la CI. Cela représente 3% du budget de 91 milliards de la Confédération et environ la moitié de l’objectif fixé par l’ONU, qui est de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) annuel d’un pays. En raison du réarmement militaire, une majorité du Parlement s’est prononcée en 2024 pour d’importantes coupes budgétaires dans la coopération au développement.

Peu avant Noël, le Parlement débattra de nouveau des mesures d’austérité. Helvetas démontre pourquoi les coupes budgétaires sont une solution à court terme et pourquoi cela vaut la peine, maintenant plus que jamais, d’investir dans la démocratie, la paix et la protection internationale du climat.

«Les déplacements forcés, la faim et le réchauffement climatique ne peuvent nous laisser indifférents»

Défis au niveau mondial

Après des décennies de progrès, la pandémie de coronavirus a entraîné le plus grand recul dans la lutte contre la pauvreté au niveau mondial depuis 1990. La guerre d’agression menée par la Russie et les conflits armés aggravent encore la situation. Aujourd’hui, 122 millions de personnes sont en fuite. Plus de 305 millions d’hommes, de femmes et d’enfants dépendent de l’aide humanitaire, mais l’aide internationale ne suffit que pour près des deux tiers d’entre eux.

De plus, les phénomènes météorologiques extrêmes dus au réchauffement climatique compliquent les efforts internationaux en faveur de la sécurité alimentaire: une personne sur dix dans le monde est touchée par la faim.

«Le recul international de l’aide au développement est sans précédent»

Réductions au niveau mondial

Les États-Unis ont fortement réduit leur aide au développement. Les expert·es craignent que cela ne coûte la vie à plus de 14 millions de personnes au cours des cinq prochaines années. Des pays européens tels que le Royaume-Uni, la France et lAllemagne réduisent également leur engagement international.

Au total, la coopération internationale au développement diminuera en 2025 jusqu’à 17%, en plus des 10% économisés en 2024. Pour les pays les plus pauvres, cela signifie une perte d’un quart de l’aide au développement pour cette seule année. Cette tendance négative se poursuivra, malgré l’augmentation rapide des besoins humanitaires dans le monde.

«Le monde s’arme, la Suisse a d’autres atouts»

Avantage comparatif

L’une des principales raisons des coupes budgétaires européennes dans la coopération internationale est l’invasion à large échelle de l’Ukraine par la Russie. L’OTAN souhaite donc plus que doubler ses dépenses militaires pour les porter à 5% du RNB d’ici 2035. Etant donné que de nombreux pays sont fortement endettés, ils réduisent leurs dépenses dans d’autres domaines, tels que les services publics, la protection du climat, l’engagement humanitaire et la coopération au développement. Or, les dépenses militaires mondiales, qui s’élèvent à plus de 2,7 billions de dollars, sont déjà aujourd’hui environ 14 fois plus élevées que celles consacrées à la coopération au développement et à la protection internationale du climat (aide publique au développement, APD).

La Suisse peut apporter sa contribution à la sécurité et à la paix en Europe en complétant de manière judicieuse et efficace le réarmement européen par des investissements supérieurs à la moyenne dans la promotion des valeurs démocratiques, des droits humains et de la protection du climat.

«La coopération internationale apporte des avantages concrets à la Suisse»

Intérêts propres

La Suisse soutient d’autres pays par solidarité, mais aussi par responsabilité et dans son propre intérêt. Premièrement, l’économie suisse en profite: la coopération internationale (CI) aide les entreprises suisses à conquérir de nouveaux marchés en améliorant les conditions-cadres politiques, économiques et sociales dans les pays concernés. Deuxièmement, la CI s’attaque aux défis mondiaux tels que le changement climatique, les pandémies et la disparition des espèces, ce qui profite également directement à la Suisse et à sa population. Troisièmement, la CI favorise la paix et la stabilité dans le monde en créant des perspectives dans les pays pauvres et en crise, afin que les populations puissent se construire un avenir sur place.

«L’effet positif des projets de développement est avéré – et heureusement il est important»

Impact important

Des évaluations indépendantes attestent un taux de réussite de 80% en moyenne pour la coopération internationale (CI). Et ce, bien que les programmes de développement soient naturellement mis en œuvre dans des régions structurellement faibles, pauvres et souvent instables.

Les programmes de développement sont continuellement adaptés aux besoins des populations locales afin d’obtenir le meilleur impact possible. Dans de nombreux pays, la CI contribue ainsi à créer de meilleures perspectives et à atténuer les conséquences du réchauffement climatique, des conflits et des crises. Sans la coopération au développement, la situation serait bien pire. Le Parlement et le Conseil fédéral devraient le reconnaître. Et la population suisse peut en être fière.

«L’argent suisse renforce la voix de la raison»

Une société civile forte

Les gouvernements populistes et autocratiques ont le vent en poupe depuis 25 ans. Au cours des trois dernières décennies, plus de 130 pays ont introduit des restrictions à l’encontre des ONG (internationales). Il devient ainsi de plus en plus difficile, voire impossible, pour les ONG de travailler dans les domaines des droits humains, de l’égalité des genres, de la lutte contre la corruption et de la protection de l’environnement. Les groupes attentifs et ambitieux qui collaborent avec des ONG actives à l’échelle internationale sont exposés à des répressions et mettent directement des gens en danger. Mais plus les gouvernements s’éloignent des valeurs démocratiques, plus il est important d’avoir une société civile indépendante, informée et engagée qui se fasse le porte-parole des groupes défavorisés et surveille les violations des droits humains.

«Favoriser la migration internationale au lieu de l’empêcher»

Une migration digne

La migration ne peut et ne doit pas être «endiguée» mais, là où elle a lieu, elle doit être sécurisée et humanisée. C’est le rôle de la coopération internationale (CI): la Suisse contribue ainsi à garantir les besoins fondamentaux, à promouvoir l’éducation, la santé et la paix, à protéger les populations contre les conséquences du changement climatique et à renforcer la société civile. Lorsque cela fonctionne, les gens n’ont aucune raison de quitter leur pays d’origine. Et partout où des personnes sont contraintes de fuir, l’aide humanitaire contribue à les protéger.

«Minimiser le problème climatique ne le rend pas moins grave»

Protection climatique unie

Nous constatons déjà aujourd’hui que le changement climatique entraîne une pénurie d’eau, menace la sécurité alimentaire et cause des dommages économiques de plus en plus importants. Les populations pauvres, les minorités et les femmes des pays en développement sont particulièrement touchées.

Dans le cadre de la coopération au développement, la Suisse apporte un soutien vital. Ce faisant, elle renforce non seulement la résilience des populations, par exemple en encourageant une agriculture écologique et économe en eau, en construisant des digues côtières et des réservoirs d’eau ou en mettant en place une gestion prévisionnelle des catastrophes. La coopération au développement contribue également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, par exemple en encourageant l’énergie solaire et les chaînes de valeur durables, la mobilité électrique ainsi qu’un développement urbain à faibles émissions de CO2 et agréable à vivre. Cela profite également à la Suisse, qui se réchauffe à un rythme supérieur à la moyenne et qui est elle-même de plus en plus confrontée à des phénomènes météorologiques extrêmes.

«Quand la main gauche donne et la main droite reprend»

Manque de cohérenc

Les importants progrès de l’aide au développement sont régulièrement compromis: les banques suisses financent des projets gaziers et charbonniers à l’étranger nuisibles au climat. Et la discrète place financière encourage le transfert des bénéfices hors des pays pauvres ainsi que l’optimisation fiscale privée, qui font perdre chaque année d’importantes recettes fiscales à de nombreux pays en développement. Dans ce contexte, l’ONU parle de spillover négatif. Le fait que la Suisse affiche le deuxième spillover le plus élevé au monde est également lié au fait que nous vivons, avec notre importante empreinte climatique, au détriment des plus pauvres et de la planète. Un changement de mentalité s’impose.

«C’est la sécurité humaine, et non les armes, qui rend la Suisse plus sûre»

Sécurité globale

La sécurité ne s’obtient pas uniquement par l’armement militaire. Elle doit être pensée et atteinte de manière globale: la pandémie de Covid a montré qu’il existe d’autres menaces. Depuis quelques années, les conflits régionaux, les épidémies soudaines et les phénomènes météorologiques extrêmes font augmenter le coût de la vie, les inégalités et la dette publique des pays pauvres. Et ils aggravent la faim dans le monde et les mouvements migratoires involontaires dans les pays du Sud.

Dans ce contexte, la Suisse doit d’autant plus investir dans sa coopération internationale en vue d’une stabilité et d’une sécurité accrues.

«La Suisse est suffisamment riche pour ne pas se permettre la pauvreté»

Investissement dans l’avenir

Les mesures d’austérité constituent un jeu dangereux dans la situation actuelle. En effet, le monde est confronté à de nombreux défis complexes. Ne pas agir maintenant coûtera plus cher à l’avenir.

La question n’est pas de savoir si nous pouvons investir dans un monde durable et stable, sans pauvreté ni souffrance, mais si nous le voulons vraiment.

Vous souhaitez approfondir le sujet ?
Découvrez ici notre article de blog détaillé sur la coopération internationale et pourquoi nous en avons plus que jamais besoin.

Vous trouverez d’autres contenus qui vous intéresseront sur notre blog consacré à la politique de développement «Perspectives politiques».

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