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Aux centres Barka la Covid-19 n'arrête pas les leçons

Les candidats au Certificat d’études primaires continuent leur préparation sous les arbres avec les animateurs du Programme d’Appui à l’éducation et à la formation des enfants exclus du système éducatif formel (PAEFE)
PAR: Ulrich Vital Ahotondji - 09 mai 2020
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La petite Moufira Bio Idrissou, rejoint quelques camarades de classe à Kinnoukpannou, un village de la commune de Tchaourou au Bénin.  A 14 ans, elle prépare son Certificat d’Etudes Primaire (CEP) malgré le contexte particulier de la COVID-19. « Il faut que je passe mon examen parce que je dois devenir une maitresse d’école quand je serai grande », nous déclare-t-elle, très motivée.

Ici, il est 8 heures, la nature inspire avec le bruissement des feuillages et le cocorico du coq. Dans la cabane de fortune aménagée pour la circonstance, les enfants des centres Barka se réunissent en petits groupes de trois ou de cinq. C’est la nouvelle formule pour assurer la poursuite des apprentissages malgré la fermeture prolongée des classes. Les petits groupes sont encadrés par des animateurs du programme d’Appui à l’éducation et à la formation des enfants exclus du système éducatif formel (PAEFE).

Contraints de rester à la maison à cause de la pandémie de la COVID-19, Moufira et ses camarades des centres Barka avaient perdu tout espoir. « J’étais très triste lorsqu’on nous a dit qu’il y a une maladie qui fait des ravages dans le monde et que nous devons tous rester à la maison», affirme Parfait Bio Yakassou, candidat au CEP 2020 du centre Barka de Sontou dans la commune de Pèrèrè. Dans ce centre de révision au CEP initiée par le PAEFE, les cours se dispensent sous des arbres dans le strict respect de la distanciation sociale et des autres mesures de précaution.  Situé à 120 kilomètres de Parakou, le village de Sontou accueille les enfants des centres Barka dans un cadre verdoyant.

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La fermeture des classes avait suscité de nombreuses inquiétudes chez les élèves candidats au CEP © Helvetas/Y.Houndjo
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Le Corona virus a bouleversé toutes les programmes, Animateurs, superviseurs et parents se sont retrouvés pour penser cette stratégie qui vient sauver l’année des enfants des centres Barka © Helvetas/Y.Houndjo
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Les cours se déroulent en petits groupes et dans le respect des mesures de ptévention © Helvetas/Y.Houndjo
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Petits groupes d'élèves et enseignants motivés

A cause de la COVID-19 des millions d’enfants dans le monde se sont vus privés d’enseignement en raison de la fermeture des écoles. Une situation qui augmente le risque d’abandon scolaire surtout chez les enfants issus des ménages défavorisés. La détermination des animateurs de centres Barka et le dynamisme des communautés ont permis d’éviter que les élèves perdent les connaissances acquises.

« Franchement, la COVID-19 a bouleversé toutes nos prévisions pour cette année. On s’est demandé ce que le programme scolaire allait devenir et on s’inquiétait pour ces enfants qui risquent d’abandonner l’école », a confié Didier Sabi Sounon, animateur à Pèrèrè. Face à ce défi, tous les acteurs de la chaîne du PAEFE, ONGs, animateurs, superviseurs et parents se sont retrouvés pour penser cette stratégie qui permet de maintenir les enfants en situation d’apprentissage et d’éviter le décrochage scolaire. Ce faisant, les 1068 enfants des centres Barka candidats à l'examen du CEP gardent toutes leurs chances de réussir.   

« Cette stratégie consiste à répartir les apprenants des centres Barka candidats au CEP dans des groupes de 3 à 5 au maximum en tenant compte de la proximité de leur maison », a expliqué la coordinatrice du PAEFE Nadine Oke, « de façon concrète, les enseignants et les membres des comités de gestion sensibilisent les parents d’élèves, et leur expliquent le bien-fondé de ces cours pour se préparer au CEP », a martelé la coordonnatrice du PAEFE. Une fois que les parents sont convaincus et surtout qu’aucun cas de la COVID-19 n’avait encore été décelé dans la zone d’intervention du projet, les apprentissages ont continué avec bonheur et enthousiasme. 

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«Moi je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Je souhaite qu’elle aille le plus loin possible»

Adama Orou Goura, mère d'une apprenante à Tchaourou

LEs innovations du PAEFE pour continuer les apprentissages

« Je suis très heureuse de cette alternative sinon ma fille n’allait avoir aucun niveau si elle restait à la maison tout ce temps » témoigné dame Adama Orou Goura, mère d'une apprenante à Tchaourou. «  Je suis contente et je l’accompagne chaque matin ici pour l’encourager. Moi je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Je souhaite qu’elle aille le plus loin possible ».

Face au défi lancé par la pandémie, les villages de Kinnoukpannou à Tchaourou et de Sontou à Pèrèrè tout comme les autres centres Barka sont devenus des hameaux du savoir contre la COVID-19.

Selon les superviseurs Bagoudou Mamadou et Dafia Kora, la résilience développée par tous les acteurs pour faire face au défi de la COVID 19 est louable et redonne de grands espoirs pour la suite du programme dont les résultats sont très appréciés. 

De 2016 à 2020, le PAEFE, financé par la Coopération Suisse et exécuté par le consortium Helvetas et Solidar Suisse, a scolarisé près de cinq mille enfants exclus dont environ trois mille filles. Depuis 2019, le PAEFE contribue à l’orientation professionnelle des apprenants en dernière année à travers des sorties pédagogiques vers des centres de renom et des initiations aux métiers porteurs.